
A la fin des temps
Ne restera que la peau
Ses accidents
Tragiques et dérisoires
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Je n’entends pas cette peau qui
respire
et ce silence me remplit de stupeur
Cette vie sous-cutanée palpite
dans un flux
qui va se renouvelant
Je reste là
stupide
incapable de la moindre saisie
Je vis malgré moi
sans remettre en cause
ce qui me sert
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A fleur de peau
l’ombre du feuillage
se meut sous le vent
Allongé au pied de l’arbre
Je ne sais plus qui de nous deux
était là le premier
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Peau à peau
pas d’interstice
pourtant
quelque chose se glisse
entre nous
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Cette peau blanche
au clair de lune
ne sait plus le soleil
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Nu
dans
l’eau
jusqu’au
cou
peau
en
apnée
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Atteindre ta peau
comme
un horizon absent
sur la carte de mes envies
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Sentir sa peau
comme un gant que l’on ôte
et croire que la soie du regard
peut
enfin
tout révéler
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Sur
l’océan de l’incertain
cette peau
au goût de sel
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Muqueuse
peau
saturée
d’eau
ayant atteint son point
de rosée
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Cette peau
rudoie la pierre
tant son pouvoir de dire est
immense
Cette peau
emprisonne le temps
tant son attraction est
puissante
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Vieillir
c’est perdre de l’eau
se racornir, se flétrir, se dessécher
Vivre
c’est puiser chaque jour
quelques minutes d’océan
La peau en sait quelque chose…
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Cette peau qui m’enveloppe
en sait beaucoup sur elle-même
plus que mon imagination, pourtant fertile,
ne peut envisager.
La peau de mon visage
La peau de mes épaules
Celle de mon dos
De mes cuisses
C’est toujours la même peau ?
Est-ce la peau qui recouvre mon corps
ou mon corps qui est entré en elle ?
Affirme-t-elle la matérialité du monde ou la matière nait-elle à son contact ?
La peau de mon ventre, celle qui soutient mes entrailles, est-elle moins noble que celle de mes yeux ? Est-elle à plaindre ?
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Paupières
Sœurs jumelles
du Roi Sommeil
Gardiennes
de l’absence et du silence
Sur quel secret
vous refermez-vous ?
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Imaginons que la nudité du ver de terre soit notre quotidien…
Terminés les bains de soleil
entassés sur la plage !
Finies les poignées de mains
franches et cordiales !
Bonjour les crèmes anti-rides !
Adieu parapluies !
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Avoir le regard du peintre
de ta peau prendre l’empreinte
Tes noirs paysages
Tes coups de soleil
Ce doute qui affleure
Rouge pavot
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Peau qui pèle
Peau qui gratte
Peau qui brûle
Peau qui démange
Peau qui sèche, se desquame
et pique…
Ça m’horripile à la fin !
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J’ai semé sur ta peau
Un horizon de senteurs
La pluie, le soleil feront le reste
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Être au monde
L’âme à fleur de peau
Comme un forcené
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Ensemencer sa peau
Y faire pousser des élans, des envies
Un je ne sais quoi d’incertain
Et oublier la mort
Puis, se coucher sur le sol
et s’emmitoufler dans son moi
Croire le temps venu
des grandes réjouissances
Se relever et mettre
toute sa peau dans sa poche
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Les paysages
ainsi que les nuages
passent dans le ciel
Leur ombre sur ma peau !
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Nu dans l’herbe
ma peau laisse éclater
son bonheur
Contre l’arbre
tout contre
elle laisse venir les mots
si longtemps retenus
Allongée sur le sable
son empreinte en creux
signe son appartenance
A ce monde là
encore et toujours